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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/44

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parmi ses amis, qui s’en amusèrent en vidant bouteille. Le lecteur trouvera cette pièce à l’Appendice ; l’écriture en est belle, et l’on n’y remarque que peu de fautes contre la grammaire et l’orthographe. Nos lecteurs du sud doivent se rappeler que c’était une boutade, une farce enfin, de la part du proscrit, qui était trop raisonnable pour proposer réellement une pareille rencontre : cette lettre fut écrite dans l’année 1719.

L’année suivante, Rob-Roy écrivit une autre épître, mais fort peu à son honneur, puisqu’il y assure qu’il a toujours trahi ses alliés dans la guerre civile de 1715. Elle est adressée au général Wade, alors occupé à désarmer les clans d’Highlandais et à percer des routes militaires dans le pays. Cette lettre est une composition remarquable ; on y voit que ce brigand avait un désir véritable et sincère d’offrir ses services au roi George ; mais il fut retenu par la crainte d’être jeté en prison pour dettes par le duc de Montrose. Ainsi empêché de prendre la bonne voie, il se précipita dans la mauvaise, d’après ce principe de Falstaff, que — « puisque le roi avait besoin d’hommes et les rebelles de soldats, il était encore plus honteux de rester inactif dans un monde si agité que d’épouser la cause de la rébellion. — « Rob-Roy s’efforce dans cette lettre d’établir, comme une proposition inattaquable, l’impossibilité de rester neutre au milieu de ces sanglants débats ; et, tout en reconnaissant qu’il a pris part à la rébellion contre le roi George, il affirme que non seulement il a évité de causer du dommage aux troupes de Sa Majesté, mais qu’au contraire il leur faisait parvenir tous les renseignements qu’il était en son pouvoir de leur donner. Il invoque en ceci le témoignage de Sa Grâce le duc d’Argyle. Nous n’avons pu savoir quelle influence ces allégations produisirent sur le général Wade.

Rob-Roy paraît avoir continué son genre de vie habituel. Cependant sa renommée dépassait les limites du pays où il demeurait : une prétendue histoire de lui parut à Londres de son vivant même, sous le titre du Brigand montagnard. C’est une de ces publications à tirer l’argent du public, ayant pour frontispice une espèce d’ogre avec une barbe longue d’un pied. Les actions du héros y sont aussi exagérées que sa taille. On y raconte quelques unes de ses aventures les plus connues, mais sans aucun respect pour la vérité, et la plus grande partie de cette publication est une pure fiction. On doit regretter qu’un si beau sujet ne soit pas tombé dans les mains d’un De Foë, qui traitait à cette époque des