Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/65

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ser deux ou trois jours à cette époque de l’année, dans la chaumière d’un paysan, afin de communiquer plus facilement avec les fermiers. Un soir à neuf heures, Rob-Roy, avec une bande de ces brigands qu’il commande toujours, même depuis la dernière insurrection, entoura la maison où M. Grahame réglait ses comptes avec quelques vassaux, ordonna à ses gens de présenter leurs fusils aux fenêtres de l’appartement dans lequel était M. Grahame, tandis que lui-même, suivi de quelques autres, entrait par la porte, le pistolet à la main. Il fit prisonnier M. Grahame, l’emmena dans les montagnes, avec tout l’argent qu’il avait reçu, les livres, les papiers et pour plus de 100 livres sterling en billets souscrits par mes tenanciers, dont la moitié avait été payée l’année dernière, et dont ils allaient payer le reste. Enfin, il a eu l’insolence de forcer mon homme d’affaires à m’écrire une lettre (je vous en fais passer la copie) : il m’offre de traiter avec moi.

« Pour que Votre Seigneurie comprenne bien cette affaire, il faut que je lui apprenne que ce coquin s’est depuis long-temps mis à la tête du clan Mac-Gregor, espèce de gens qui se sont distingués plus que tous les autres par leurs rapines, leurs brigandages et leurs meurtres, qui hébergent et défendent les vagabonds et les mauvais sujets. Depuis la révolution, il n’a jamais manqué une occasion d’agir contre le gouvernement, se livrant plutôt au vol qu’il ne rendait de véritables services au parti qu’il avait embrassé : en un mot, il a fait au pays plus de mal que tous les Highlandais ensemble.

« Trois ou quatre années avant que la dernière insurrection éclatât, se trouvant accablé de dettes, il quitta sa résidence habituelle pour se retirer à douze ou quinze milles plus avant dans les montagnes, où il se mit sous la protection du comte de Bredalbane. Lorsque milord Cadogan vint dans les montagnes, il fit brûler la maison de Rob-Roy, et c’est moi que le voleur en accuse, comme le verra Votre Seigneurie.

« Il fut alors forcé de retourner dans le pays qu’il avait quitté : c’est un lieu sauvage et inaccessible. Il s’y était établi au milieu de ses amis et de ses parents ; mais sachant bien qu’il était encore possible de l’y surprendre, il se rendit à Inverary avec quarante-cinq de ses hommes, remit leurs armes au colonel Campbell de Finab, commandant une des compagnies indépendantes, puis, après cette feinte soumission, s’en revint chez lui avec sa bande, sûr d’être protégé par le colonel. Ceci arriva au commencement