Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 1.djvu/134

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Suborner des témoins, gagner des partisans ;
Remplir les Tribunaux de ses cris indécens ;
Y faire débiter des plaintes infidelles ;
Inonder le public d’injurieux libelles ;
Ébruiter des malheurs qu’on pouvoit empêcher,
Ou qu’au moins la raison devoit faire cacher :
Je ne puis seulement soutenir cette idée.

Geronte.

Eh ! non. Rassure-toi. Ta crainte est mal fondée.

Orphise.

Eh ! mais, pardonnez-moi.

Geronte.

Eh ! mais, pardonnez-moi.Non. Il s’agit au plus
D’achever de briser des nœuds presque rompus,
De m’en laisser le soin ; en un mot, de reprendre
L’heureuse liberté qu’on offre de lui rendre ;
De quitter un époux.

Léonore.

De quitter un époux.Daignez lui pardonner.
À sa discrétion, je veux m’abandonner.
Peut-être que l’absence, & son état funeste
Auront changé son cœur ; le mien fera le reste.

Geronte.

Erreur ! N’espérez pas de si tendres retours.

Damon.

Vous allez exposer votre gloire, & vos jours.
Songez-vous qu’un mortel, insensible à vos larmes,
Va jouir, malgré vous, d’un bien si plein de charmes ?
Je ne vous parle point du désespoir affreux
Où vous allez jeter le cœur d’un malheureux,