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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 1.djvu/145

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Momus.

Voyons.

L’Intrigue.

Voyons.Je sers l’amour, la gloire, & la fortune ;
J’accorde à qui me plaît, les graces, les emplois ;
Je gouverne à mon gré cette foule importune
D’esclaves attachés à la suite des Rois :
Voilà mon centre, & c’est sur-tout où je m’exerce ;
J’y fais mouvoir un peuple adroit, souple & rusé ;
Là, chacun, l’un par l’autre est toujours abusé :
Tel y croit renverser celui qui le renverse.
Pour parvenir à tout, j’enseigne les moyens :
J’entretiens en secret, parmi ces citoyens,
Une éternelle concurrence :
(Heureux, si le mérite obtient la préférence !)
J’agis pour & contre à la fois.
Le mystere est sur-tout l’ame de mes exploits.
La plus fine manœuvre, & la mieux inventée,
Dès qu’elle éclate un peu, ne peut plus réussir ;
Je m’évapore, ainsi qu’une mine éventée.

Momus.

Vous commencez à m’éclaircir.
C’est vous qui tracassez à la Cour, à la Ville,
Et qui mettez en vogue, ainsi qu’un vaudeville,
Bien des gens, qui d’ailleurs ne sont pas ce qu’on dit.

L’Intrigue.

Oui, j’en fais des Héros : cela me divertit.

Momus, à l’Imagination.

Vous flattez deux amans, dont l’amour est extrême,
Qu’ils s’aimeront toujours de même ?