Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 1.djvu/181

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Oui, ce sentiment-là renferme tous les autres.
Quoi ! les hommes ont-ils d’autres droits que les nôtres ?
Se contenteroient-ils de n’être qu’estimés ?
Tout perfides qu’ils sont, ils veulent être aimés.
Quant à moi, je suis née & trop tendre, & trop vive,
Pour oser m’exposer à ce qui vous arrive :
J’aimerois trop Damon ; j’en ferois un ingrat,
Et j’en mourrois, après le plus terrible éclat.

Constance.

Sur le cœur de Damon prenez plus d’assurance.

Sophie.

Non, la fidélité n’est pas en leur puissance.

Constance.

Comptez sur son amour & sur sa probité.

Sophie, d’un ton affectueux.

Sur les mêmes garans n’aviez-vous pas compté ?
Que sont-ils devenus ? Qu’est-ce qui vous en reste ?
Ce n’étoit qu’une embûche & qu’un piège funeste,
Couverts de quelques fleurs qui ne durent qu’un jour.
L’hymen n’acquitte plus les dettes de l’amour.



Scène VI.

FLORINE, CONSTANCE, SOPHIE.
Florine.

Madame, je vous cherche. On vient…

Constance.

Madame, je vous cherche. On vient…Que me veut-elle ?