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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 1.djvu/297

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Scène VI.

ARISTE, sans être vû ; DORNANE, ARAMONT.
Aramont.

Quoi ! l’ami le plus cher que le défunt ait eu,
Laisse ainsi son neveu, tandis qu’il auroit pû
Agir, & lui prêter son heureuse assistance !
Son appui nous seroit d’une grande importance ;
Car enfin son crédit est plus grand qu’on ne croit

Dornane.

Il le garde pour lui. Ce n’est qu’un homme adroit,
Un courtisan masqué par la misanthropie,
Recouvert du manteau de la philosophie ;
Un politique sombre, équivoque & caché,
Qui se donne à la Cour pour être détaché
Des postes, des emplois, des grandeurs, & des graces ;
Mais qui secrettement vise aux premières places,
Et dont l’ambition, quand il en sera tems,
Se manifestera peut-être à nos dépens.

Aramont.

Cet Ariste pourtant… il avoit paru prendre
Au destin de Monrose un intérêt si tendre !
Je l’ai cru son ami.

Dornane.

Je l’ai cru son ami.Lui ? Sur quel fondement ?