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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 1.djvu/309

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L’orgueil & la fierté sollicitent pour vous.
Si vous aviez des droits, vous les détruiriez tous.
C’est indirectement s’attaquer à son maître,
C’est l’offenser lui-même, & c’est le méconnoître,
Quand on manque aux égards que l’on doit à son choix.

Monrose.

Vous m’effrayez, Monsieur !

Ariste.

Vous m’effrayez, Monsieur !Je fais ce que je dois.
Je ne sçais point flatter quand le mal est extrême.
Mais vous n’étiez pas fait pour vous perdre vous-même.
Eh ! laissez-vous aller à votre naturel,
Au caractere heureux qui vous est personnel.
Vous êtes né prudent, humain, doux, & flexible :
Ce sont-là les moyens qui rendent tout possible.
Il faut gagner les cœurs ; la Fortune les suit.
Lorsque vous le pouvez, quelle erreur vous séduit ?
On ne peut s’observer avec trop de scrupule.
Un langage superbe est toujours ridicule :
Plus on est élevé, plus il est messéant.
C’est ainsi que le Peuple, au fond de son néant,
Toujours séditieux, quelque bien qu’on lui fasse,
Parle indiscrètement de ceux qui sont en place.
Vous en seriez traité de même, à votre tour,
Si vous étiez chargé de le régir un jour.

Monrose.

Vous m’en dites assez ; épargnez-moi le reste.
Vous venez de détruire un charme trop funeste.