Aller au contenu

Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 1.djvu/329

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Aramont.

Il faut s’en consoler.Que nous veut le Marquis ?

Dornane, revenant mystérieusement.

Je reviens. Quand j’y pense… Il faut tout mettre au pis.
Nous vivons dans un siécle où rien n’est impossible,
Où, bien loin de servir, le mérite est nuisible.
Il pourroit arriver que, sans savoir pourquoi,
La Fortune auroit pris un travers avec toi.
Tu perdrois à beau jeu. Mais en cas de disgrace,
J’entre dans tes raisons ; je me mets à ta place.
Je sens que le dépit justement irrité,
Ton honneur, en un mot, & la nécessité,
Malgré tous tes amis, pourroient bien te réduire
À prendre le parti dont tu viens de m’instruire :
En ce cas, je propose un accommodement,
Qui nous arrangeroit tous deux également.

Monrose.

Parle.

Dornane.

Parle.Ton régiment est à ma bienséance.
Pourrois-je, de ta part, avoir la préférence ?

Monrose.

De tout mon cœur.

Aramont.

De tout mon cœur.Oui : mais vous n’avez point d’argent.

Dornane.

Parbleu, j’en trouverai.

Aramont.

Parbleu, j’en trouverai.Cet homme est obligeant.