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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 1.djvu/86

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Léonore.

Je n’ai jamais compté sur de si foibles armes.

Nérine.

J’ai démêlé, vous dis-je, à travers ses respects,
Des soupirs étouffés, des regards indirects,
Un silence pénible, autant qu’involontaire,
Des desirs, des égards, du trouble, du mystere,
Un intérêt secret, un soin particulier.
Un homme indifférent est bien plus familier.
Ce sont-là mes garans. Tout cela fait en somme
De l’amour ; &, de plus, un amant honnête-homme.
J’ai vû bien plus encore.

Léonore.

J’ai vû bien plus encore.Achève ; dis-moi tout.

Nérine.

Que cet amant seroit assez de votre goût.

Léonore.

Ah ! c’est trop voir. Finis ; je ne veux plus t’entendre.
Je te défends… Hélas ! que puis-je lui défendre ?
Quoi ! de foibles attraits flétris par les douleurs,
Ces yeux accoutumés à pleurer mes malheurs,
Pourroient causer encore une foiblesse ?

Nérine.

Et sur-tout à l’objet pour qui l’amour vous blesse ?
Car il faut vous aider.

Léonore.

Car il faut vous aider.Nérine, tu me perds.

Nérine.

De quoi m’accusez-vous ? Croyez que je vous sers.