Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 2.djvu/313

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Quoi ! trouvez-vous mauvais qu’il soit l’homme de France
Qui sçait le mieux choisir une étoffe de goût ;
Qui s’habille & se met avec une élégance
Qu’on cherche à copier, sans en venir à bout ?
Lui reprocheriez-vous, dans l’humeur où vous êtes,
Qu’il aime un peu le luxe & la frivolité ?
Qu’il cherche à ressembler aux gens de qualité ?
Qu’il aime le plaisir, & contracte des dettes ?
Eh ! n’en voulez-vous pas faire un homme de Cour ?

Mad. Argant.

C’est le projet flatteur qu’a formé mon amour.

Rosette.

Ne vous plaignez donc point.

Mad. Argant.

Ne vous plaignez donc point.Mais es-tu bien certaine…

Rosette.

Il ira loin. Pour moi, je n’en suis point en peine.

Mad. Argant.

J’en accepte l’augure… À propos de cela,
Conçois-tu mon mari ?

Rosette.

Conçois-tu mon mari ?La demande est nouvelle !
Est-ce qu’on peut jamais concevoir ces gens-là ?

Mad. Argant.

Son obstination me paroît bien cruelle.

Rosette.

Oui, sa prévention contre un fils si bien né…

Mad. Argant.

Est le premier chagrin qu’il m’ait jamais donné.