Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 2.djvu/319

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le Marquis.

Et c’est sur vous aussi que mon cœur s’en repose.

Mad. Argant.

J’ai de l’ambition ; mais pour vous seulement.

Le Marquis.

Que ne vous dois-je pas !

Mad. Argant.

Que ne vous dois-je pas !Écoutez, je vous prie.
Vous aurez tout mon bien, je vous l’ai destiné.
Mais ce n’est pas assez ; & vous n’êtes pas né
Pour vivre & pour passer simplement votre vie
Dans l’indolente oisiveté
D’une opulente obscurité.

Le Marquis.

Ce n’est pas là mon plan.

Mad. Argant.

Ce n’est pas là mon plan.Je ne fais aucun doute
Que vous n’ayez dessein de paroître au grand jour ;
Que votre but ne soit de percer à la Cour :
Un bien considérable en aplanit la route.
Mais, pour vous abréger un chemin toujours long,
Il seroit un moyen plus facile & plus prompt.

Le Marquis.

Et ce moyen qui s’offre à votre prévoyance,
Seroit ?

Mad. Argant.

Seroit ?Un mariage ; une fille, en un mot,
Qui vous apporteroit en dot
Le crédit & l’appui d’une grande alliance.