Je pourrois avoir quelque tort :
Mais cette fille enfin dont vous plaignez le sort,
Quand nous l’envoyâmes en France,
Pour être élevée en Couvent,
Étoit dans sa plus tendre enfance.
Hélas ! je me le suis reproché bien souvent.
Depuis, je ne l’ai point revûe.
Dans mon cœur, il est vrai, l’absence a triomphé.
L’éloignement, l’oubli, le tems, ont étouffé
La tendresse que j’aurois eue,
Si vous aviez laissé cet enfant sous mes yeux ;
Vous n’auriez jamais eu de reproche à me faire.
Eh ! je ne demandois pas mieux.
Vous ne voulûtes pas ; il a fallu vous plaire ;
Et mon fils en a profité.
Mais ma tante a raison ; elle se justifie.
C’est votre faute à vous.
Vous verrez que c’est moi qui manque d’équité !
Tout se peut réparer. Daignez voir votre fille ;
Que je vous la présente ; accordez-moi ce bien.
Que faire d’un enfant qui n’est au fait de rien,
Qui n’a jamais vécu qu’à l’ombre d’une grille,