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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 3.djvu/127

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La Baronne.

Ah ! Madame.En voilà l’heureuse réussite :
Ils ont bien opéré ; je vous en félicite.

La Gouvernante, confuse.

Ah ! daignez me traiter avec moins de rigueur.
Ce que je viens de voir a déchiré mon cœur.

La Baronne.

Et croyez-vous encor qu’Angélique ait envie
D’aller dans un Couvent passer toute sa vie ?

La Gouvernante, d’un ton ferme.

Ne la consultez point en cette extrémité,
Madame ; il faut user de votre autorité.
Eh ! comment voulez-vous qu’une fille à son âge
Puisse de sa raison faire un heureux usage,
Quand la séduction, avec tous ses appas,
L’environne, l’obsede, & la suit pas à pas ?
Arrachez au péril une aveugle victime,
Que son propre penchant entraîne dans l’abîme.

La Baronne.

(à part). (haut).
Feignons. Il peut avoir dessein de l’épouser.

La Gouvernante.

Angélique à ce point ne sçauroit s’abuser ;
Sa facilité seule emporte la balance.
Sçait-elle seulement qu’elle est sans espérance ?
Dans l’ivresse où son cœur est plongé sans retour,
Ses yeux ne portent pas plus loin que son amour ;