Aller au contenu

Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 3.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il aime la fortune, & n’est pas plus fidele ;
On ne l’a que trop vu s’envoler avec elle,
Et ne laisser à ceux qu’il avait enflammés,
Que l’affreux désespoir de s’être trop aimés…
Vous ne m’écoutez pas ?

Angélique.

Vous ne m’écoutez pas ?Il est vrai, je ne songe
Qu’à ma félicité.

La Gouvernante.

Qu’à ma félicité.Mais ce n’est qu’un mensonge…
Enfin, vous persistez ?

Angélique.

Enfin, vous persistez ?Oui, sans doute, à jamais.

La Gouvernante.

Je n’ai donc plus qu’à voir si ces nœuds sont bien faits ;
Je n’en sçais pas assez touchant cette matiere ;
Pour prendre en ce papier une assurance entiere,
Il faut que je consulte.

Angélique.

Il faut que je consulte.Il n’en est pas besoin ;
Je ne souffrirai pas que vous preniez ce soin.
La moindre défiance est un manque d’estime ;
Sainville, avec raison, pourroit m’en faire un crime.
Je ne veux, contre lui, ni garans, ni témoins ;
Je ne l’aimerois pas, si je l’estimois moins.

La Gouvernante.

Pour plus de sûreté, souffrez que je m’informe ;
Je crains que cet écrit ne péche par la forme.

Angélique.

Eh ! que m’importe, à moi ? Mes vœux sont satisfaits.
Je crois mieux les sermens que Sainville m’a faits,