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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 3.djvu/173

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Est-ce un droit tyrannique, une loi de rigueur ?
Ah ! voulez-vous m’ôter l’usage de mon cœur,
Et des liens du sang me faire des entraves ?
Les enfans sont-ils donc de malheureux esclaves ?

Le Président.

Non, mon fils ; mais enfin nous en savons plus qu’eux ;
Ce n’est donc que par nous qu’ils peuvent être heureux,
Et c’étoit-là le droit d’un pere qui vous aime.

Sainville.

Eh ! que n’ai-je pas fait pour me vaincre moi-même ?
Depuis plus de trois mois errant jusqu’à ce jour,
J’ai cherché dans le monde à perdre mon amour ;
Je me suis répandu pour éteindre ma flamme ;
J’ai moi-même frayé le chemin de mon ame ;
Aux plus rares beautés j’ai mendié des fers,
Qu’en vain plus d’une fois les plaisirs m’ont offerts :
À ce premier objet d’une flamme si belle,
Le ciel même a voulu que je fusse fidele.

Le Président.

Oui, le Ciel a tout fait. Eh ! quelle illusion !
Je ne vous parle point de la séduction
Qu’on peut vous accuser d’avoir mis en usage ;
Mon fils, j’aurois sur vous un trop grand avantage.

Angélique.

Ah ! Monsieur, arrêtez ; il a dû me charmer.
Est-ce séduction que de se faire aimer ?
Reprochez-moi plutôt l’ardeur dont je l’enflamme.
Oui, Monsieur, c’est sur moi que doit tomber le blâme ;