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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 3.djvu/178

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Mais il vous est aisé de vous l’imaginer ;
Sans se voir, quand on s’aime, on peut se deviner.

Sainville.

Ah ! mon pere, sans doute, achève la vengeance !
Et la Baronne est-elle aussi d’intelligence ?

Juliette.

Je ne sçais, mais souvent, au déclin des beaux jours,
Notre sexe prend moins le parti des amours.

Sainville.

Ils me l’enlèveront… ma perte est résolue ;
Je veux la voir, dûssé-je expirer à sa vûe.

Il sort.



Scène II.

JULIETTE, seule.

Je commence à douter qu’il soit si doux d’aimer ;
D’abord, la seule idée avoit su me charmer :
Je le croyois le bien le plus grand de la vie ;
Ce que j’en vois m’en fait presque passer l’envie.
Quand l’amour tourne à mal, c’est un cruel vainqueur ;
Il est vrai : cependant, que faire de son cœur ?