Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour, ni contre. Sa Majesté eut la bonté de me le promettre, et me l’a toujours tenu depuis.

Nous voilà de retour à la grand’chambre, et les choses plus aigries que jamais. M. Mazarin et ses partisans n’oublièrent rien depuis ce temps pour noircir ma réputation dans le monde, et surtout dans l’esprit du Roi. L’extravagance de Courcelles leur en fournit entre autres un moyen admirable. J’avois oublié de vous dire que lorsque je sortis de Chelles, je fis tant que j’obtins que sa femme viendroit demeurer avec moi. Quand elle y fut, ceux qui l’avoient tirée autrefois d’auprès de son mari, étant bien aises de la lui rendre, le firent introduire, je ne sais comment, dans le palais Mazarin pendant que j’étois en ville, en telle sorte qu’il se raccommoda avec elle et la ramena chez lui. Un jour que je l’allois voir, elle fut assez imprudente pour me faire dire qu’elle n’y étoit pas, quoique le carrosse de Cavoie fût à sa porte. Dans le premier chagrin que j’eus de son incivilité, je rencontrai malheureusement son mari en mon chemin à qui je ne pus m’empêcher d’en témoigner quelque chose. Ce maître fou hésitoit depuis quelque temps à faire tirer l’épée à Cavoie, par la seule raison qu’il lui fâchoit de faire voir qu’il étoit jaloux du meilleur de ses amis ; il vouloit qu’on crût qu’il se battoit pour un autre sujet ; il n’en trouva pas de plus plausible que de faire l’amoureux de moi par le monde ; de feindre que sa femme avoit eu entre les mains des lettres de conséquence, que je devois avoir écrites à un homme de la Cour, qu’elle les avoit données à Cavoie ; que Cavoie les montrait, qu’il voulait se battre contre lui pour les retirer, et qu’il me