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XXXII.

LETTRES À MADAME LA DUCHESSE MAZARIN[1].
(1676.)


J’ai entrepris de vous donner un conseil, Madame, quoique les femmes n’aiment pas à en recevoir. Mais il n’importe, je suis trop dans l’intérêt de votre beauté, pour ne vous avertir pas du tort que vous lui ferez, s’il vous arrive de vous parer à la naissance de la Reine. Laissez les ornements pour les autres : les ornements sont des beautés étrangères qui leur tiennent lieu de naturelles, et nous leur sommes obligés de donner à nos yeux quelque chose de plus agréable que leurs personnes. Nous ne vous aurions pas la même obligation, Madame, si vous en usiez comme elles. Chaque ornement qu’on vous donne cache une beauté, chaque ornement qu’on vous ôte vous rend une grâce ; et vous n’êtes jamais si bien que lorsque l’on ne voit en vous que vous-même.

  1. Il y avoit déjà une assez grande familiarité entre la duchesse et Saint-Évremond ; témoin la lettre au comte de Saint-Alban, de cette même année.