Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/192

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MORIN.

Madame, ze7 me meurs.

MADAME MAZARIN.

Madame, ze1 me meurs. Vous taillerez, Morin ;
Expirer en taillant est une belle fin.
Pour dernière oraison, lorsque vous rendrez l’âme ;
Vous pourrez réclamer le valet ou la dame.
Quelle plus digne mort que d’être enseveli
Après avoir gagné quelque gros paroli !
C’est par de si beaux coups qu’une célèbre histoire
Aux banques à venir portera votre gloire.
Mais c’est trop discourir. La bourse, Pelletier ;
Et vous, maître Morin, faites votre métier.

MORIN.

Un moment de repos, madame la Dussesse ;
Sacun vous le dira ; madame la comtesse,
Et monsieur de Verneuil et monsieur de Bezon :
Parbleu, l’on m’auroit cru l’enfant de la maison8.
C’étoit, assurément, toute une autre manière :
Un petit compliment en forme de prière :
Monsieur, monsieur Morin, dînez avecque nous ;
Ou bien quelque autre sose et d’honnête et de doux :
Ici z’entends gronder touzours quelque tempête ;
Il faudra qu’à la fin ze lui casse la tête.
Si ze me porte mal, vous taillerez, Morin ;
Expirer en taillant est une belle fin.
Ah ! ce n’est pas ainsi que le banquier se traite,
Lorsque l’on veut sez soi tenir une bassette.



7. Morin grasseyoit beaucoup, et se donnoit de grands airs ridicules.

8. Morin étoit de Beziers, et il avoit quelquefois joué avec M. le duc de Verneuil et avec M. de Bezons. Le premier étoit gouverneur de Languedoc et l’autre en étoit intendant.