Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/198

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dans l’autre. Comptez donc sur mon ombre, comme sur ma personne ; et soyez assurée d’une fidélité éternelle jointe à une égale discrétion. Je ne viendrai point vous importuner au jeu par ma présence ; je ne viendrai point vous effrayer par des apparitions ; je ne vous troublerai point par des songes, et n’inquiéterai en quelque manière que ce puisse être le peu d’heures que la Bassette vous laisse pour le sommeil.

Voilà des effets de ma discrétion, apprenez ceux de mon zèle. Je vais déclarer la guerre à Hélène et à Cléopâtre pour l’amour de vous ; je vais réduire des rebelles, et remettre des indociles dans le devoir. Mais pour cela, Madame, j’ai besoin d’une instruction que je vous demande dans mes vers : vous ne sauriez me l’accorder trop promptement. Autant de temps que vous tarderez à me la donner, autant de retardement apporterez-vous à votre gloire.

Je m’aperçois que ma raison1,
Trop longtemps au corps asservie,
Est prête à quitter sa prison,
Pour goûter le bonheur d’une plus douce vie.

Bientôt je verrai ces beautés
Qui sont dans les Champs-Elysées,


1. Ces stances sont imitées de l’Épigramme de Maynard au cardinal de Richelieu : Armand, l’age affoiblit mes yeux, etc.