Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/259

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mentez la persécution, à mesure que vous persécutez. N’étoit-ce pas assez de laisser Mme Mazarin sans aucun bien pendant toute votre vie ? Falloit-il songer à la rendre misérable après votre mort ? Falloit-il chercher des précautions contre la fin de ses malheurs, quand vous ne serez plus en état d’en pouvoir jouir ?

Ne pensez pas qu’il suffise à votre avocat d’avoir toujours à la bouche l’auguste et vénérable nom d’époux, le sacré nœud de mariage, le lien de la société civile. Nous avons pour nous M. Mazarin contre l’époux ; nous avons ses méchantes qualités contre ces belles et magnifiques expressions. Notre premier engagement est à la raison, à la justice, à l’humanité ; et la qualité d’Époux ne dispense point d’une obligation si naturelle. Quand le mari est extravagant, injuste, inhumain, il devient Tyran, d’Époux qu’il étoit, et rompt la société contractée avec sa femme. De droit, la séparation est faite : les juges ne la font pas ; ils la font valoir seulement dans le public, par une solennelle déclaration. Or, que M. Mazarin n’ait pleinement les qualités qui font ce divorce, il n’y a personne qui en puisse douter. Son humeur, son procédé, sa conduite, toutes ses actions le prouvent. La difficulté seroit d’en trouver une qui ne le prouvât pas ; et M. Érard a beau la chercher, Messieurs, il ne la trouvera