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JUGEMENT SUR QUELQUES AUTEURS FRANÇOIS. —
À MADAME LA DUCHESSE MAZARIN.
(1692.)

Voici, Madame, le Jugement que vous m’avez demandé sur quelques-uns de nos auteurs.

Malherbe a toujours passé pour le plus excellent de nos poëtes ; mais plus par le tour et par l’expression, que par l’invention et par les pensées.

On ne sauroit disputer à Voiture le premier rang, en toute matière ingénieuse et galante : c’est assez à Sarazin d’avoir le second, pour être égal au plus estimé des anciens en ce genre-là.

Benserade a un caractère si particulier, une manière de dire les choses si agréable, qu’il fait souffrir les pointes et les allusions aux plus délicats.

Dans la tragédie, Corneille ne souffre point d’égal : Racine, de supérieur ; la diversité des caractères permettant la concurrence, si elle ne peut établir l’égalité. Corneille se fait admirer par l’expression d’une grandeur d’âme