Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/352

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anciens amis ont des charmes, que l’on ne connoît jamais si bien que lorsqu’on en est privé.


LA MÊME À SAINT-ÉVREMOND.
(1694.)

J’estois dans ma chambre, toute seule et très lasse de lecture, lorsque l’on me dit : Voilà un homme de la part de M. de Saint-Évremond. Jugez si tout mon ennui ne s’est pas dissipé dans le moment. J’ai eu le plaisir de parler de vous, et j’en ai appris des choses que les lettres ne disent point : votre santé parfaite et vos occupations. La joie de l’esprit en marque la force, et votre lettre, comme du temps que M. d’Olonne vous faisoit suivre, m’assure que l’Angleterre vous promet encore quarante ans de vie ; car il me semble que ce n’est qu’en Angleterre que l’on parle de ceux qui ont vécu au delà de l’âge de l’homme. J’aurois souhaité de passer ce qui me reste de vie avec vous. Si vous aviez pensé, comme moi, vous seriez ici. Il est pourtant assez beau de se souvenir tou-