Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/365

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mirée de tous les Anglois, et pour l’esprit et pour les manières, et pour mille qualités qui se sont trouvées de leur goût. Cela vous est d’autant plus glorieux, que les Anglois ne sont pas de forts grands admirateurs : je me suis seulement aperçu qu’ils connoissent le vrai mérite et en sont touchés.

Votre philosophe a été bien étonné, quand on lui a dit que Descartes n’étoit pas l’inventeur de ce système que nous appelons la Machine des animaux ; et qu’un Espagnol l’avoit prévenu1. Cependant, quand on ne lui en auroit point apporté de preuves, je ne laisserois pas de le croire, et ne sais que les Espagnols qui pussent bâtir un château tel que celui-là. Tous les jours je découvre ainsi quelque opinion de Descartes, répandue de côté et d’autre, dans les ouvrages des anciens, comme celle-ci : qu’il n’y a point de couleurs au monde. Ce ne sont que de différents effets de la lumière sur de différentes superficies. Adieu les lys et les roses de nos Amintes. Il n’y a ni peau blanche, ni cheveux noirs ; notre passion n’a pour fondement qu’un corps sans couleur : et après cela, je ferai des vers pour la principale beauté des femmes ?

Ceux qui ne seront pas suffisamment infor-


1. Voy. le Dictionnaire de Bayle, à l’article Pereira.