Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/367

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Le sérieux, et le plaisant,
Tour à tour vous vont amusant.
Tout vous duit, l’histoire et la fable,
Prose et vers, latin et françois :
Par Jupiter, je ne connois
Rien pour nous de si souhaitable.
Parmi ceux qu’admet à sa cour
Celle qui des Anglois embellit le séjour,
Partageant avec vous tout l’empire d’Amour,
Anacréon et les gens de sa sorte,
Comme Waller, Saint-Évremond et moi,
Ne se feront jamais fermer la porte.
Qui n’admettroit Anacréon chez soi ?
Qui banniroit Waller et La Fontaine ?
Tous deux sont vieux. Saint-Évremond aussi :
Mais verrez-vous aux bords de l’Hippocrène
Gens moins ridés, dans leurs vers, que ceux-ci ?
Le mal est que l’on veut ici
De plus sévères moralistes :
Anacréon s’y tait devant les jansénistes.
Encor que leurs leçons me semblent un peu tristes,
Vous devez priser ces auteurs,
Pleins d’esprit, et bon disputeurs.
Vous en savez goûter de plus d’une manière ;
Les Sophocles du temps, et l’illustre Molière,
Vous donnent toujours lieu d’agiter quelque point :

Sur quoi ne disputez-vous point ?

À propos d’Anacréon, j’ai presque envie d’évoquer son ombre ; mais je pense qu’il vaudroit mieux le ressusciter tout à fait. Je m’en irai, pour cela, trouver un gymnosophiste de