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LETTRE À MONSIEUR ***, QUI NE POUVOIT
SOUFFRIR L’AMOUR DE M. LE COMTE DE SAINT-
ALBANS, À SON ÂGE.
(1683 ou 1684.)

Vous vous étonnez mal à propos, que de vieilles gens aiment encore ; car leur ridicule n’est pas à se laisser toucher, c’est à prétendre imbécilement de pouvoir plaire. Pour moi, j’aime le commerce des belles personnes, autant que jamais : mais je les trouve aimables, sans dessein de me faire aimer. Je ne compte que sur mes sentiments, et cherche moins, avec elles, la tendresse de leur cœur, que celle du mien. C’est de leurs charmes, et non point de leurs faveurs, que je prétends être obligé. C’est du désagrément et non point de la rigueur, que je trouve sujet de me plaindre.

Qu’un autre vous appelle ingrate, inexorable,
Vous m’obligez assez de me paroître aimable :
Et vos yeux adorés, plus beaux que l’œil du jour,
Ont assez fait pour moi de former mon amour.

Le plus grand plaisir qui reste aux vieilles