Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/86

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obligeante qu’elle est, me laisse deviner qu’ils ont mauvaise opinion de ma constance. Sept années entières de malheur ont dû me faire une habitude à souffrir, si elles n’ont pu me former une vertu à résister. Pour finir un discours moral, impertinent à celui qui le fait, et trop austère pour celui qu’on entretient, je vous dirai en peu de mots, que j’aurois bien souhaité de revoir le plus agréable pays que je connoisse, et quelques amis aussi chers par le témoignage de leur amitié, que par la considération de leur mérite. Cependant il ne faut pas se désespérer, pour vivre chez une nation où les agréments sont rares. Je me contente de l’indolence, quand il se faut passer des plaisirs : j’avois encore cinq ou six années à aimer la comédie, la musique, la bonne chère ; et il faut se repaître de police, d’ordre et d’économie, et se faire un amusement languissant à considérer des vertus hollandoises peu animées. Vous m’obligerez de rendre mille grâces très-humbles à M. de Lionne le Ministre, de la bonté qu’il a eue pour moi. Je suis un serviteur si inutile, que je n’oserois même parler de reconnoissance ; mais je n’en suis pas moins sensible à l’obligation. Vous m’obligerez aussi de m’écrire de l’état de mon affaire, et ce qui a été répondu. Votre lettre sera assurément tenue dans le paquet de M. d’Estrades, quand il sera