Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/96

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un grand courtisan, qu’il fallait éviter autant qu’on le pouvoit le premier rebut ; je serois au désespoir de l’avoir attiré à une personne que j’honore autant que M. le Comte de Lauzun.

Ce n’est pas que je n’aie presque une nécessité d’aller en France pour deux mois, à moins que de me résoudre à perdre le peu que j’y ai, et tout ce qui me fait vivre dans les pays étrangers. Je crois qu’il m’y est dû encore quarante mille livres dont je ne puis rien tirer : cependant je crains plus que la nécessité, le secours de la nature qui pourroit finir tous les maux que me fait la fortune. J’ai des diablesses de vapeurs qui me tourmentent ; mais elles ne sont pas sitôt passées, que je suis plus gai que jamais. Dans une heure, tout ce qu’il y a de funeste et tout ce qu’il y a d’agréable se présente à mon imagination ; et je sens aussi bien plus vivement en moi les effets de l’humeur, que le pouvoir de la raison. Je tomberois aisément dans la morale ; c’est le penchant de tous les malheureux, dont l’imagination est presque toujours triste, ou les pensées du moins sérieuses. Comme je crains le ridicule de la gravite, je m’arrête tout court, pour vous dire seulement, Monsieur, que personne au monde n’est à vous plus absolument, etc.

Je vous supplie, dans l’occasion, d’assurer