Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/105

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stinoit à ne voir qu’une forme du favoritisme ; le ministeriat, dont avoit tant abusé Richelieu, et pour sa fortune, et pour ses vengeances ; le ministeriat, qu’on voyoit se relever dans Mazarin, avec des défauts qu’il n’avoit pas sous Richelieu, et qui reportoient l’imagination vers le souvenir de Luynes, ou du maréchal d’Ancre. Tel a été le premier sujet des agitations de l’opinion, et de la révolte des esprits, dans les salons, vers l’année 1647 ; et telle est la clef de cet opuscule de Saint-Évremond, qui porte avec lui le cachet de son époque, qui ne peut avoir une autre date que celle de 1647, et dont l’âge, au reste, est attesté par Saint-Évremond et par Des Maizeaux. La haine du ministeriat survécut même aux manifestations de la Fronde ; elle a favorisé l’établissement du gouvernement personnel de Louis XIV après la mort du cardinal Mazarin, et a jeté la France, à la fois fatiguée du pouvoir ministériel et de la lutte anarchique des indépendants, dans un excès contraire, celui de l’applaudissement au pouvoir royal absolu, dont il a fallu supporter tous les caprices, grands ou petits, pendant deux règnes, avec la perte de la monarchie en fin de compte.

Saint-Évremond a donc voulu répondre avec l’arme des salons, celle de l’esprit et du beau langage, à l’attaque des salons contre le favori de la reine Anne d’Autriche. Il discute les griefs des mécontents, fait la part de la liberté, de la dignité, reconnoît certains abus et conclut en bon citoyen.

« Je vais finir ce discours, dit-il, par le sentiment qu’on doit avoir pour les favoris. Il me semble que leur grandeur ne doit jamais éblouir ; qu’en son âme on peut juger d’eux comme du reste des