Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/125

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l’Allemagne étoit préparée aux sacrifices, et après bien des pourparlers, on ne fut pas éloigné de s’entendre.

Mais les difficultés de la France avec l’Empire n’étoient pas les plus délicates à résoudre. Les vraies, les sérieuses difficultés, étoient dans la question espagnole. L’Espagne n’étoit pas assez affoiblie pour abandonner les Pays-Bas à la France ; encore moins vouloit-elle céder la Navarre ou la Catalogne ; et d’ailleurs les Provinces-Unies elles-mêmes, quoique alliées de la France, ne vouloient pas de la France pour voisine. La France ne vouloit donc pas encore faire la paix avec l’Espagne : c’étoit le fonds de sa pensée. L’Espagne le comprit, et le danger de sa situation lui inspira une résolution hardie qu’elle exécuta heureusement. Elle se rapprocha secrètement des Provinces-Unies, avec qui elle étoit en guerre depuis cent ans ; elle leur montra dans la France leur alliée, un ennemi réel plus à craindre que l’Espagne. Et toutes deux négocièrent leur traité particulier, en vertu duquel l’indépendance des Provinces-Unies fut reconnue par l’Espagne, avec son titre de souveraineté. La France ne put l’empêcher, et les Provinces-Unies, n’ayant plus rien à faire à Munster, s’en retirèrent, avec peu de souci du ressentiment de la France blessée. Quant à l’Espagne, elle se disposa à continuer une guerre désespérée, en s’éloignant également du congrès, où l’Empire étoit impuissant pour la soutenir avec une efficacité utile.

Toutefois, avant de se retirer, elle avoit essayé d’un dernier expédient qui prouve sa détresse, et que révèle la correspondance diplomatique. Elle