Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suspect, par exemple, le bonhomme Loret, rimailleur aux gages de la maison de Longueville, quand il dit, en 16538 :

Condé, prince bouillant, actif,
Et même un peu vindicatif.

On ne peut davantage refuser créance à Lenet, qui nous le montre, hors de lui, dans un accès de colère, cassant un bâton sur les épaules d’un malheureux qui l’avoit touché sans le vouloir, et qui lui demandoit pardon à genoux9. Que dirai-je de son inflexible dureté envers Clémence de Maillé, son épouse, qui lui montra tant de dévouement, pendant la fronde, et qu’il fit renfermer pour le reste de ses jours à Chateauroux, après une aventure peu louable sans doute, mais dont il n’avoit pas le droit de se montrer si outragé10 ? son ingratitude, envers la grande Mademoiselle, n’a pas d’excuse. Il avoit entraîné cette héroïque fille à la révolte, et dans sa révolte elle lui avoit rendu le plus grand service qu’il ait reçu dans sa vie. Tout le monde connoît la bataille du faubourg Saint-Antoine, où la fleur de la noblesse françoise et de la bourgeoisie parisienne, fut mise en pièces par Turenne, commandant pour le roi. Mademoiselle étoit debout, dans la rue Saint-Antoine, recueillant les blessés, consolant les mourants, animant par son exemple le peuple à la résistance, au courage ; lors-


8. La Muse historique, pag. 344, édit. de M. Ravenel, Ier vol.

9. Mémoires de Lenet, édit. de Champollion, p. 501.

10. Voy. les Mém. de Coligny, déjà cités, et M. Walckenaer, Mém. sur Mme de Sevigné, V, pag. 398.