Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/183

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tion des Parlements. L’opinion s’accordoit admirablement, sur ces divers points, avec les prétentions parlementaires, qui s’élevoient alors jusqu’à remplacer, et même primer, les états généraux du royaume. Aussi le premier acte de leur autorité, après l’insurrection, fut-il de supprimer les intendants, les semestres, et de décréter des garanties constitutionnelles, pour limiter les droits de la royauté. Les Parlements s’entendoient, sur tous ces points, avec la bourgeoisie des villes, d’où ils tiroient leur origine, et qui luttoit pour son indépendance communale, compromise par les institutions de Richelieu.

Lors donc que la réaction de la Régence eut pris son essor et son élan, il fut impossible de l’arrêter ; et le cardinal Mazarin, continuateur avoué des plans politiques de Richelieu, à l’extérieur, apparut aussi comme un tyran continué, à l’intérieur, et digne de la haine de tous les esprits indépendants. Une opposition sourde, puis déclarée ; une coalition des partis irrités, des intérêts menacés ou froissés, se forma donc et s’organisa par degrés, sans pouvoir arriver cependant à une parfaite unité d’action et de vues. Nul des coalisés ne vouloit dépasser l’horizon de son intérêt particulier. Arrivé à cette limite, il étoit prêt à faire son traité. Si l’un de ces intérêts devenoit prédominant, les autres s’en détachoient, parce qu’au fond du cœur aucun des partis ne vouloit servir au triomphe de l’autre, et que les vues de chacun différoient comme les intérêts. Ainsi le duc de Bouillon eut Matthieu Molé contre lui, lorsqu’il voulut livrer à l’Espagne la Fronde parlementaire. Le Parlement devint aussitôt Mazarin. La coalition formidable de la Fronde,