Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/198

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dans le jardin de Renard, la joyeuse troupe des mazarins venoit de se mettre à table. Elle étoit au premier service, lorsque Beaufort arriva près d’elle. Il y reconnut le duc de Candale, si célèbre par son élégance et sa bravoure ; Boutteville, qui devint plus tard le maréchal de Luxembourg ; le commandeur de Jars, si connu par son attachement romanesque pour la Reine, et par son esprit, qui étoit celui des Vivonne ; le commandeur de Souvré, qui fut plus tard grand prieur de France, et dont nous avons déjà parlé ; le marquis d’Estourmel, l’un des plus hardis cavaliers de son temps, et Jarzay, qui n’étoit plus qu’en arrière-ligne, en pareille compagnie. Tous montrèrent du sang-froid, à l’abord des frondeurs, dont ils avoient été avertis, et qu’ils n’avoient pas cherché d’éviter.

« Ceux qui soupoient, dit Mme de Motteville, les voyant s’avancer, jugèrent aussitôt qu’ils étoient destinés à un autre divertissement qu’à celui de faire bonne chère ; mais ne pouvant s’empêcher de danser, ils durent attendre, pour voir sur quelle cadence on les réjouiroit. Ils firent donc bonne mine, et se laissant approcher du duc de Beaufort, lui et sa compagnie environnèrent la table. Il les salua, montrant un peu de trouble sur le visage, et son salut fut reçu avec civilité de ceux qui étoient assis. Il y eut même quelques-uns d’eux, dont furent Ruvigny et le commandeur de Jars, qui se soulevèrent en le saluant, comme pour lui rendre du respect. »

Le duc de Beaufort, ne s’attendoit pas à trouver une réunion de personnages aussi considérables ; il resta donc surpris et en quelque sorte déconcerté. Avec très-peu d’esprit, la violence prenoit,