Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/201

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sistance plus nécessaire, revint de Dijon à Compiègne ; il y fut reçu avec de grandes caresses : et cédant à une de ces inspirations qui lui étoient si familières, il proposa de ramener sur-le-champ le Roi dans Paris. Il eut trouvé du plaisir à triompher à la fois, par son audace, des Parisiens qu’il vouloit humilier, et du ministre cauteleux qui se plaçoit encore une fois sous sa protection. Le prince de Condé conduisit, en effet, le Roi et la Reine à Paris, le 18 août 1649, imposant le respect à tout le monde. Le Coadjuteur lui-même fit sa soumission, et le peuple, avec la mobilité qui le caractérise, salua de ses acclamations, un hardi capitaine qui bravoit tous les périls, un jeune Roi qu’au fond du cœur on aimoit, une Reine gracieuse à qui l’on avoit dû d’heureux jours, et même son ministre, dont la fortune étonnoit l’imagination du vulgaire.

Mais à partir de ce moment, le joug du prince de Condé, de la duchesse de Longueville, et de leurs amis, devint insupportable à la cour ; et dans le parlement, comme chez les bourgeois, ce sentiment se propagea tellement, qu’il fut facile au rusé Mazarin de s’allier secrètement avec les anciens frondeurs, le Coadjuteur et Beaufort en tête, et de se ménager satisfaction des hauteurs et de la tyrannie de l’hôtel de Condé. Il ouvrit des négociations, avec les maisons de Vendôme et d’Épernon, pour le mariage de ses nièces. Les irrésolutions de Condé désespérèrent alors Mme de Longueville, dont la passion contre la cour ne connoissoit plus de limites ; et à la suite de trois mois d’intrigues de tout genre, et de péripéties les plus diverses, qui sont écrites partout, le Coadjuteur et le duc de Beau-