Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/328

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certitude, faute de s’être souvenu de cette lettre de Mme Scarron.

Après la mort de Scarron, en 1660, sa veuve se trouva de nouveau dépourvue de moyens d’existence. Malgré le peu de sympathie qu’inspire plus tard la femme au cœur sec qui a vu les dragonnades sans pitié ; qui, oublieuse calculée de ses anciens coreligionnaires, a entendu leurs cris de détresse et de misère, sans en être touchée ; on est ému du malheur de Mme Scarron, si flattée quand elle brilloit dans son salon, si abandonnée le jour où elle manqua de pain, dans la rue. Que de tristes réflexions on fait sur le monde, quand on lit ce qu’elle écrivoit, à Mme de Chanteloup : « On m’a renvoyée à M. Colbert, mais sans fruit ; j’ai fait présenter deux placets au roi, où l’abbé Têtu a mis toute son éloquence : ils n’ont pas été lus. Oh ! si j’étois dans la faveur, que je traiterois différemment les malheureux ! Qu’on doit peu compter sur les hommes ! Quand je n’avois besoin de rien, j’aurois obtenu un évêché ; quand j’ai besoin de tout, tout m’est refusé. Mme de Chalais (qui fut la princesse des Ursins !) m’a offert sa protection, mais du bout des lèvres ; Mme de Lionne m’a dit : Je verrai, je parlerai, du ton dont on dit le contraire ; tout le monde m’a offert ses services, et personne ne m’en a rendu.... » — Dans cette dure extrémité, Ninon se montra fidèle amie, et Mme Scarron, sensible au dévouement, lui témoigna toute sa gratitude. Mme de Villarceaux fut assez empressée auprès de l’aimable veuve. C’est alors, dit-on, que Villarceaux devint plus pressant, et que des bruits malins sur la complaisance de Ninon, se répandirent et obtinrent