Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/344

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sonne de Henri, dernier duc de Montpensier, gouverneur de Normandie, et il commandoit la compagnie des gendarmes de l’aïeul de Mademoiselle. En outre Saint-Évremond avoit l’honneur d’être, par les Tillières, l’allié de la seconde épouse de Gaston père de Mademoiselle. Saint-Évremond a du être reçu, au Luxembourg, avec une faveur et un empressement particuliers. On le voyoit bien en cour : c’étoit un officier de distinction, et son esprit seul l’auroit placé dans les premiers rangs d’un monde choisi. Il étoit donc, de droit, présenté et bienvenu chez Mademoiselle. D’ailleurs Segrais, alors secrétaire en faveur de Mademoiselle, étoit son compatriote, et presque son ami ; et il n’auroit point oublié de se faire honneur de Saint-Évremond, parmi les personnes lettrées qu’il avoit charge d’attirer chez la princesse. Ce n’est pas qu’ils fussent de même école en littérature ; Segrais, comme Racan, tenoit beaucoup de d’Urfé ; Saint-Évremond avoit peu de goût pour leur afféterie, quoique recherché parfois lui-même, dans sa politesse, dans sa galanterie, et même dans son style. Mais, malgré son aversion pour le personnage d’Énée, si peu épique, à son gré, et dont il nous a laissé une critique si originale et si judicieuse, il a bien parlé, dans ses Réflexions sur les traducteurs, de la traduction de l’Énéide, en vers françois, par Segrais. Celui-ci, d’ailleurs, étoit de l’intimité de Scarron, qui lui avoit adressé cette lettre folle et risquée, au sujet d’une jupe, que la célèbre comtesse de Fiesque, alliée de Saint-Évremond, avoit promise au poëte paralytique, pour en faire chasuble au chapelain de Mme Scarron.

À la vérité, Saint-Évremond n’avoit pas suivi le