Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/352

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comme il faut, parmi les siens, a le droit de tout dire, et presque de tout faire ; et ce n’est point une impertinence : c’est une confiance réciproque, une liberté de vivre, une franchise de parole qu’on autorise, sur le fondement d’une participation aux mêmes sentiments, à la même délicatesse, et aux mêmes devoirs ; c’est comme un reste de la foi chevaleresque : une religion de bonnes manières entre honnêtes gens ; les malotrus en sont bannis, à titre d’excommuniés.

Et comme, dès le dix-septième siècle, l’esprit et l’argent se posent en rivaux de la naissance, celle-ci va leur ouvrir ses rangs, du moins pour l’égalité de compagnie. Par là se retrempe la société, et s’accroît la puissance des salons du dix-septième siècle, où une sorte de niveau social égalise déjà tous les rangs. Les princes et les princesses du sang alloient alors, sans façon, chez de simples particuliers. Une étiquette opposée s’est établie, après le mariage de Louis XIV seulement7. La reine Anne d’Autriche venoit voir Mme de Beauvais, dans ce bel hôtel encore debout, au nº 62 de la rue Saint-Antoine. Mme de Brégy est-elle malade ? la reine va la visiter. Plus d’une fois, sous la régence, Anne a été avec le roi son fils, et toute la famille royale, chez le chancelier Séguier. Monsieur fut reçu souvent, à Ruel, par le président Tubeuf.


7. Henri II alloit si souvent chez le connétable Anne de Montmorency, rue Sainte-Avoie, aujourd’hui du Temple, que les gens du quartier avoient fini par appeler l’hôtel du Connétable, le logis du Roi. Cet hôtel devint plus tard celui du premier président de Mesine, en face du magnifique hôtel de Saint-Aignan, bâti pour le célèbre comte d’Avaux. Tout auprès, étoit le grand hôtel