Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/368

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quelque temps à reconnoître qu’il n’en étoit que le traducteur.

« On trouve, dans ses derniers écrits, beaucoup moins de cette finesse et de ce sel, qui piquoit agréablement dans les premiers ; ses pensées y sont moins nobles, et ses expressions moins naturelles. Soit que son génie ne fût propre qu’à la satire, ou que, dans un âge plus avancé, il ait perdu ses plus belles idées, il est sûr que ses ouvrages sérieux plaisent fort peu.

« On dit que l’on verra un jour l’Histoire du Roi, de sa façon : j’ai de la peine à croire qu’il y réussisse17. Les grandes actions de ce prince et les victoires sans nombre qu’il a remportées pourront mal aisément être bien décrites par un homme à qui il faudrait, pour l’occuper heureusement et selon son goût, des fautes et des pertes continuelles.

« Voilà, Monsieur, quel est mon sentiment touchant M. de Bussy. Je l’ai connu autrefois, très-particulièrement : il n’aimoit personne, et parvint enfin à n’être aimé de qui que ce soit. Peu de gens s’intéressèrent à sa disgrâce ; on dit que moins encore se sont intéressés à son retour. Le bon cœur est une qualité qui sera toujours préférée au bel esprit, dans la société civile. »

Il y a beaucoup de sévérité dans ce jugement sur Bussy-Rabutin, lequel n’a, au bout du compte, dans sa vie, aucun trait aussi noir que celui qui fit


17. On a imprimé, en effet, après sa mort, ce qu’il avoit composé de cette Histoire, et c’est fort médiocre. Voyez la bonne édition des Œuvres de Bussy-Rabutin qui a été publiée par M. L. Lalanne en 9 vol. in-12.