Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/378

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ne détourna point son fils ni son petit-fils de se battre, et l’exemple du baron de Chantal n’empêcha pas le duel du marquis de Sévigné.

L’audace et la fréquence des rencontres, à cette époque, passe toute croyance. On ne comptoit pas de semaine où il n’y eût d’événements de ce genre. En plein jour, en plein Pont-Neuf, dans le jardin du Palais-Royal, au jardin de Renard, à la place Royale, quelquefois au sortir d’un salon, les duellistes ensanglantoient le sol. Les curieux s’écartoient pour laisser le champ libre aux combattants, et les protégeoient souvent contre les officiers du roi. On estime que plus de 4000 nobles périrent par les duels sous la minorité de Louis XIV. Quelquefois ces duels étoient des batailles, comme celui de 1652, et le duel des six. Parfois, c’étoient des scènes dramatiques, comme le duel de Laboulaye et de Choisy, au milieu desquels la duchesse de Châtillon vint se jeter, avec une intrépidité qui fit poser les armes aux combattants. On sait que sous le règne de Louis XIV, plusieurs fois de grandes dames se battirent en duel pour un amant. Ce fut pendant la retraite de Saint-Évremond, à la suite de son affaire avec M. de Fors, qu’il composa le gracieux Discours sur les plaisirs, adressé au comte d’Olonne, dont il s’attachoit ainsi à cultiver l’amitié, afin de


du Jour, près Saint-Eustache. C’est le numéro 21-23 d’aujourd’hui. Le maréchal de Luxembourg y étoit né. Ce dernier a transporté son logement, en 1673, dans un vaste hôtel, construit sur les jardins des Capucines, et qui, du boulevard, alloit jusqu’à la rue Saint-Honoré, en face de l’Assomption. Sur son emplacement a été percée, en 1719, la rue actuelle de Luxembourg. Voy. Jaillot, 5e Quartier, p. 60.