Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/45

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Richelieu, puis Séguier, puis Louis XIV, ont été les protecteurs. D’autres Académies privées existoient en même temps : l’abbé Bourdelot en avoit fondé une à l’hôtel de Condé, vers 1641. Le grand Condé, qui avoit refusé, après la mort de Richelieu, le protectorat de celle de Conrart, assistoit aux séances de celle de Bourdelot, dont il est probable que Saint-Évremond a fait partie. Il y avoit en outre une Académie spéciale pour la numismatique, science fort à la mode au dix-septième siècle, à Paris. Il en est parlé plus d’une fois dans Bayle, qui cite encore l’académie du premier président de Lamoignon. L’Académie protégée par Richelieu fut livrée à tous les sarcasmes des ennemis du cardinal. Il faut voir comme parle l’abbé de Saint-Germain de ces pauvres ardelions, et des petites assistances que leur jetoit le cardinal, pour leur apprendre à composer des fards, à plâtrer ses laides actions.

La charge officielle que s’attribua l’académie naissante, de procéder, en quelque sorte par voie d’autorité, à la réforme du langage, et à la publication du Dictionnaire, lui suscita, de plus, beaucoup d’adversaires intéressés et d’embarras nouveaux ; d’autant que, parmi ses membres, un très-grand nombre avoient peu de célébrité personnelle, et que l’Académie elle-même dépassa la limite du juste et du vrai, dans la critique du Cid, qu’elle se laissa imposer par Chapelain, le complaisant de Richelieu. En dehors de ses rangs, on comptoit des personnages de grande réputation, tels que Naudé, Mairet et Rotrou : Pierre Corneille n’y est entré qu’en 1647. Les secondes élections, et l’influence directe de Louis XIV, rehaussèrent beaucoup la di-