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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/518

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commandables par leurs talents, et aussi méprisables par leurs foibles. N’attendez pas qu’ils fassent toujours un bon usage de leur mérite, et qu’ils aient la discrétion de vous cacher leurs défauts. Vous leur verrez souvent un dégoût pour leurs bonnes qualités, et une complaisance fort naturelle pour ce qu’ils ont de mauvais. C’est à votre discernement à faire le choix qu’ils ne font pas, et il dépendra plus de votre adresse de tirer le bien qui se trouve en eux, qu’il ne leur sera facile de vous le donner.

Depuis dix ans que je suis en pays étranger, je me trouve aussi sensible au plaisir de la conversation, et aussi heureux à le goûter, que si j’avois été en France. J’ai rencontré des personnes d’autant de mérite que de considération, dont le commerce a su faire le plus doux agrément de ma vie. J’ai connu des hommes aussi spirituels que j’en aie jamais vu, qui ont joint la douceur de leur amitié à celle de leur entretien. J’ai connu quelques ambassadeurs si délicats, qu’ils me paroissoient faire une perte considérable, autant de fois que les fonctions de leur emploi suspendoient l’usage de leur mérite particulier6.



6. Lorsque Saint-Évremond quitta la France, en 1661, il s’arrêta d’abord à la Haye, et il y trouva, dans la Légation, une brillante compagnie, par laquelle il fut