Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/541

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des autres occupations de la vie. Aux lieux où elle n’est pas tout à fait permise, la difficulté empêche le dégoût ; la dispute forme une chaleur qui l’anime. Où elle est la maîtresse, elle produit, seulement, l’exactitude du devoir, comme feroit le gouvernement politique, ou quelque autre obligation.

Pour les bonnes mœurs, elles ne sont, chez les huguenots, que des effets de leur foi, et des suites de leur créance. Nous demeurons d’accord que tous les chrétiens sont obligés à bien croire, à bien vivre : mais la manière de nous exprimer, sur ce point, est différente ; et, quand ils disent que les bonnes œuvres sont des œuvres mortes sans la foi, nous disons que la foi sans les bonnes œuvres est une foi morte.

Le ministre Morus12 avoit accoutumé de dire, parmi ses amis : « Que son Église avoit quelque chose de trop dur, dans son opinion, et qu’il conseilloit de ne lire jamais les Épîtres de saint Paul, sans finir par celle de saint Jacques, de peur, disoit-il, que la chaleur de saint Paul,


12. Il ne s’agit point ici de Thomas Morus qui fut décapité, en 1535, pour avoir refusé le serment de suprématie, à Henri VIII ; mais d’Alexandre Morus, l’un des plus célèbres ministres et prédicateurs protestants du dix-septième siècle, né à Castres, en 1616, de race écossaise, et mort, à Paris, en 1670, après avoir brillé, tour à tour, dans les chaires de Genève, d’Amsterdam, et de Charenton. Voyez Bayle, et Moréri.