Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/562

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eussiez le cœur troublé et que vous n’eussiez pas l’esprit si libre.

Esprit du premier ordre, que vous donnez de plaisir à vos sujets, de faire admirer en vous tant de raison, et tant de beauté ! Quel plaisir de vous voir mépriser ce discours ennuyeux de beautés ; ces fades entretiens de coiffes, de manches, et d’étoffes des Indes ! Quel plaisir de vous voir laisser à la fausse galanterie des autres les Corbeilles pleines de Rubans, et la gentille canne de M. de Nemours13 ! Âme élevée au-dessus de toutes âmes, quelle satisfaction de vous voir faire un si noble usage de ce que vous avez ; de vous voir regretter si peu ce que vous avez eu, désirer si peu ce que vous n’avez pas !

Joignez, Madame, joignez le mérite du cœur à celui de l’âme et de l’esprit ! défendez ce cœur des Rendeurs de petits soins14, de ces gens empressés à fermer une porte et une fenêtre, à relever un gant et un éventail!

L’amour ne fait pas de tort à la réputation des dames ; mais le peu de mérite des amants les déshonore. Vous m’offenseriez, Madame, si vous pensiez que je fusse ennemi de la tendresse tout vieux que je suis, il me fâcheroit



13. Voyez le roman de la Princesse de Clèves.

14. Voyez la carte de Tendre, dans le premier tome de la Clélie, de mademoiselle de Scudéry.