Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/73

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Saint-Évremond passa l’hiver de 1646–47 à Paris et n’accompagna point le nouveau prince de Condé, que la mort de son père appeloit à Dijon, où il resta plusieurs mois, occupé à régler la succession paternelle et à prendre possession du gouvernement de la province, qui lui avoit été substitué. Ce fut alors que Monsieur le Prince, comme on le nomma depuis, s’attacha un serviteur en qui le prince mort avoit mis toute sa confiance, et qui demeura invariablement dévoué aux intérêts du fils, dans toutes les fortunes : un ami véritable trouvé, par occasion, dans l’héritage, Lenet, procureur général au parlement de Bourgogne, plus tard conseiller d’État, qui a joué un rôle si actif dans les affaires des Condé, et qui nous a laissé des papiers et Mémoires fort importants pour l’histoire de cette maison5. On peut s’étonner de ne trouver dans ces Mémoires aucune mention de Saint-Évremond. Mais ce silence s’explique facilement. La partie des Mémoires de Lenet qui se rapporte aux années 1645–46, pendant lesquelles les relations de Saint-Évremond avec le prince ont été les plus étroites, n’a pas été rédigée ; elle est restée en simples notes et fort incomplètes. Lenet n’a été employé auprès de la personne même du grand Condé qu’à partir de 1650. Jusqu’alors il est resté à Dijon, chargé des affaires privées du prince. Or, comme Saint-Évremond a quitté le service du prince en 1648, ainsi que nous le verrons bientôt ; et comme, depuis cette dernière


5. Voy. l’édition des Mémoires donnée par M. Aimé Champollion, pour la collection de Michaud et Poujoulat, tom. II de la 3e série.