Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/86

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cure, Aristote et Descartes. Aucun des grands intérêts de la vie publique ou de la vie intellectuelle ne leur étoit indifférent. Tout, dans leurs actions, avoit un caractère d’élévation généreuse : les sacrifices du salut, les abandons du cœur, les libertés de la pensée et jusqu’aux témérités de la conduite.

Au dix-septième siècle, la conversation s’éleva donc tout à coup, des petits riens de la futilité, à l’analyse ingénieuse des formes du langage, et bientôt à l’essence même de la pensée : à la religion, à la philosophie, à la méditation de la destinée de l’homme. Ces graves sujets d’entretien étoient alors dans toutes les bouches, et préoccupèrent les personnes les plus adonnées à la dissipation du monde. Je ne veux point retracer ici l’influence du christianisme en général, des doctrines de Port Royal en particulier, et surtout de la philosophie cartésienne, sur la société françoise du dix-septième siècle. Après avoir lu les livres de M. Cousin, il ne reste qu’à se taire. Mais là n’est pas toute l’histoire du dix-septième siècle : il faut, pour être complet et vrai, y tenir compte d’autres influences marquées, et par exemple de celle du scepticisme du siècle précédent. Nous rencontrons, en effet, en plein dix-septième siècle, à côté ou à la suite d’autres philosophes sceptiques comme lui, Saint-Évremond, procédant à la fois de Montaigne et de Gassendi, c’est-à-dire représensant Épicure et Pyrrhon, en un seul homme ; Épicure et Pyrrhon vêtus à la françoise, et vivant à côté de Pascal et de Descartes. Nous découvrons, à quatre pas des grands jésuites et de la prison de Saint-Cyran, un coin de société, païenne au fond, chrétienne par