Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/141

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de curiosité que personne, je ne me donnerai pourtant pas l’autorité d’en juger absolument. Mais, puisque vous ne voulez pas me dispenser de vous dire ce que j’en pense, vous aurez quelques observations que j’ai faites sur le rapport et la différence que j’y trouve.

Tous deux ont eu l’avantage des grandes naissances. Alexandre, fils d’un roi considérable ; César, d’une des premières maisons de cette république, dont les citoyens s’estimoient plus que les rois. Il semble que les dieux ayent voulu donner à connoître la grandeur future d’Alexandre, par le songe d’Olympias, et par quelques autres présages. Ses inclinations relevées dès son enfance, ses larmes jalouses de la gloire de son père, le jugement de Philippe, qui le croyoit digne d’un plus grand royaume que le sien, appuyèrent l’avertissement des dieux. Plusieurs choses de cette nature n’ont pas été moins remarquables en César. Sylla trouvoit en lui, tout jeune qu’il étoit, plusieurs Marius. César songea qu’il avoit couché avec sa mère ; et les devins expliquèrent que la terre, mère commune des hommes, se verroit soumise à sa puissance. On le vit pleurer, en regardant la statue d’Alexandre, de n’avoir encore rien fait à un âge où ce conquérant s’étoit rendu maître de l’univers.