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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/196

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Pour ce qui regarde les femmes, il fut assez longtemps indifférent, ou peu industrieux à se donner leurs bonnes grâces. Quand il leur parut si aimable, elles connurent bien qu’il y alloit plus du leur que du sien, dans sa nonchalance ; et très-entendues dans leurs intérêts, elles commencèrent à former des desseins sur un homme qui attendoit un peu tard à en faire sur elles. On l’aima donc, et il sut aimer à la fin. Les dernières années de sa vie, toutes nos dames jetèrent les yeux sur lui. Les plus retirées ne laissoient pas de soupirer en secret : les plus galantes se le disputant, aspiroient à le posséder, comme à leur meilleure fortune. Après les avoir divisées par des intérêts de galanterie, il les réunit dans les larmes par sa mort. Toutes le sentirent aimé ; et une tendresse commune fit bientôt une douleur générale. Celles qu’il avoit aimées autrefois, rappelèrent leurs vieux sentiments, et s’imaginèrent de perdre encore ce qu’elles avoient déjà perdu. Plusieurs qui lui étoient indifférentes, se flattoient qu’elles ne l’auroient pas été toujours, et, se prenant à la mort d’avoir prévenu leur bonheur, elles pleuroient une personne si aimable, dont elles eussent pu être aimées. Il y en eut qui le regrettèrent par vanité ; et on vit des inconnues s’insinuer, avec les intéressées, dans un commerce de pleurs, pour se faire