Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/243

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et son acharnement à déshonorer un parent si proche, ne mérite-t-il pas bien cette vengeance ?

Mais, à dire vrai, ce ne sont qu’intérêts particuliers ; et en tous cas, il se venge de ses ennemis, malgré la cour ; et, par une espèce de compensation, il fait abandonner ses amis pour lui plaire. Fontrailles et Matha, autrefois si passionnés pour ses intérêts, en ont fait l’expérience ; et le comte de Fiesque, après avoir reçu le même traitement, devroit se reprocher toute sa vie l’inutile générosité qu’il eut pour lui.

Concluons donc que jamais personne n’a mieux suivi les intentions de la cour, et que la reine auroit fort mauvaise grâce de lui refuser le gouvernement de Bretagne, si elle croyoit que les grands services qu’il a rendus ne sont pas bien payés par l’Amirauté.

II. Après avoir justifié ce grand duc, pour ce qui regarde la cour, je le veux justifier auprès de la vraie noblesse, et faire voir que rien n’est plus déraisonnable que le mépris qu’on en a fait, depuis quelque temps.

Quand je parle de la vraie noblesse, je n’entends pas ceux que le seul langage de ce prince fait ses ennemis : gens nourris dans la mollesse et dans l’oisiveté, à qui les ruelles ont donné des entretiens tout particuliers.

Monsieur de Beaufort fait gloire d’ignorer des termes trop délicats et capables d’amollir les courages, comme d’affoiblir les esprits. Il ne sait ce que c’est de justesse, ni de discernement ; il ne cherche ni la politesse aux repas, ni la propreté aux habits ; mais il sait se faire aimer de ses voisins ; et quand il a besoin d’amis, il trouve des cent