Aller au contenu

Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/324

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sont fabuleuses. Les dieux nous manquent et nous leur manquons ; et si, voulant imiter les anciens en quelque façon, un auteur introduisoit des anges et des saints sur notre scène, il scandaliseroit les dévots comme profane, et paroîtroit imbécile aux libertins. Les prédicateurs ne souffriroient point que la chaire et le théâtre fussent confondus, et qu’on allât apprendre de la bouche des comédiens, ce qu’on débite avec autorité dans les églises, à tous les peuples.

D’ailleurs, ce seroit donner un grand avantage aux libertins, qui pourraient tourner en ridicule, à la comédie, les mêmes choses qu’ils reçoivent, dans les temples, avec une apparente soumission, et par le respect du lieu où elles sont dites, et par la révérence des personnes qui les disent2.



2. C’est ce qu’on a vu dans le quinzième et le seizième siècle, où les histoires de l’Ancien et du Nouveau Testament étoient représentées, ou, pour parler le langage de ce temps-là, étoient jouées par personnages sur des théâtres publics. Caslelvetro dit qu’on jouoit à Rome la Passion de Jésus-Christ de telle manière, que les spectateurs éclatoient de rire. On la jouoit aussi en France, et j’ai vu une pièce imprimée en 1541, sous ce titre : S’ensuit le mystère de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ, nouvellement reveu et corrigé, oultre les précédentes impressions, avec les additions faictes par très-éloquent et scientifique docteur maistre Jean Michel ; lequel mystère fut joué à Angiers moult triumphamment, et dernièrement à Paris ;