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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/400

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au lieu de plaintes, dans la douleur ; et quelquefois, ils expriment la langueur de la passion comme une défaillance de la nature. Peut-être qu’il y a du changement, aujourd’hui, dans leur manière de chanter ; et qu’ils ont profité de notre commerce, pour la propreté d’une exécution polie, comme nous avons tiré avantage du leur, pour les beautés d’une plus grande et plus hardie composition.

J’ai vu des comédies, en Angleterre, où il y avoit beaucoup de musique ; mais, pour en parler discrètement, je n’ai pu m’accoutumer au chant des Anglois. Je suis venu trop tard en leur pays, pour pouvoir prendre un goût si différent de tout autre. Il n’y a point de nation qui fasse voir plus de courage dans les hommes, et plus de beauté dans les femmes : plus d’esprit dans l’un et dans l’autre sexe. On ne peut pas avoir toutes choses. Où tant de bonnes qualités sont communes, ce n’est pas un si grand mal que le bon goût y soit rare : il est certain qu’il s’y rencontre assez rarement ; mais les personnes en qui on le trouve l’ont aussi délicat que gens du monde, pour échapper à celui de leur nation par un art exquis, ou par un très-heureux naturel.

Solus Gallus cantat ; il n’y a que le François qui chante. Je ne veux pas être injurieux à toutes les autres nations, et soutenir ce qu’un